01 June 2016

Les Sens

À Paris

Je voyais les grands bâtiments impressionnants. Je voyais les touristes avec leurs chaussures de tennis, leurs yeux ouverts et leurs « selfie sticks ». Je voyais tout le monde.

J’entendais les sirènes des ambulances et des voitures de police—« la chanson de la ville de Paris ». Je marchais au milieu des parisiens qui parlent bruyamment des affaires au téléphone. J’entendais les voix insistantes des vendeurs qui me demandaient d’acheter les souvenirs. Dans le métro, je n’entendais rien sauf le mouvement et les annonces du train.

Je sentais l’eau de la Seine. Je sentais le pain qui est vendu dans les boulangeries. Je sentais la fumée de cigarette, la fumée des voitures et partout je sentais l’urine. Je sentais une rose—un cadeau d’un parisien qui m’a demandé un baiser.

Je buvais beaucoup d’eau entourée par les bouteilles plastiques. Je goûtais le fromage fort à la Rue Daguerre et le couscous de Chez Bébert. Je goûtais l’odeur dense de moisi du métro.

Mon corps entier a touché le corps d’un homme inconnu dans le métro. Nous nous connaissions bien l’un l’autre à ce moment là, mais je ne lui ai pas parlé. Je touchais les rampes des ponts au-dessus de la Seine et le ciment était froid. Je touchais les plans de la ville pour trouver mon chemin.

À Barcelonnette

Je vois les montagnes majestueuses et impressionnantes. Je vois beaucoup d’arbres verts et de petites fleurs jaunes, bleues, roses et blanches. Je vois les rivières bleues et claires. Je ne vois presque personne dans la compagne et sauf mes camarades, la nature m’accompagne.

J’entends les oiseaux qui se disputent. J’entends les « g »’s durs à la fin des mots.   J’entends la chanson des loups des montagnes. J’entends une langue étrange qui de plus en plus devient moins étrange.

Je sens l’air clair. Je sens la bonne nourriture et les couvertures chaudes à Jean Chaix. Le parfum de la pluie est dans l’air. Je sens le confort et les pieds qui se sont beaucoup promenés.

Je bois de l’eau fraîche. Je bois du vin à chaque dîner. Je goûte la glace avec la tequila et le melon avec le jambon cru. Les repas sont vénérés et le goût encore plus.

Je tiens un bol à deux mains pour boire du thé chaud chaque matin. C’est chaud mais ça me tranquillise. Je fais la bise à toutes les personnes que je rencontre et je touche leurs joues froides avec les miennes. Il fait froid, mais Barcelonnette est toujours chaleureux.



J’aimais bien Paris, mais je me sens vraiment heureuse ici dans la compagne.

~Em

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